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Publication en ligne, Daniel Bougnoux, « Un Aragon très rock »

PUBLICATION EN LIGNE

Daniel Bougnoux

« Un Aragon très rock »

J’ai eu le plaisir de voir hier, au Théâtre de la Gaîté-Montparnasse à Paris, le spectacle Relire Aragon de Florent Marchet et Patrick Mille, le premier aux instruments (guitare, piano, synthétiseur), le second au micro…, courez-y ! Ils ne se produisent plus que pour deux séances, les lundi 9 et dimanche 15 décembre, et il serait dommage de laisser passer sans l’entendre cet Aragon assez différent de « la voix Ferré la voix Ferrat », comme chante (inoubliablement) Serge Reggiani dans « Le boulevard Aragon ».
Car c’est un poète rugueux, rageur qu’on écoute ici, anéanti par le désespoir (« Poème à crier dans les ruines » lors de sa rupture de 1928 avec Nancy Cunard), rongé par la jalousie (en 1959 dans le poème Elsa), ou en proie à une colère folle face aux conditions de l’Occupation (Le Musée Grévin, 1943). Aragon s’y montre toujours prompt à la surenchère dans la provocation politique (quand il oppose L’Internationale à La Marseillaise dans Hourra l’Oural) autant que dans l’expression des tourments nés de l’amour, ou d’une filiation difficile (« Sans famille », tiré de La Grande gaîté de 1929)… Le poète exagère ? Oui sans doute, et c’est pour cela qu’on l’aime quand il dénonce un monde gras et mort, ou déserté par l’idéal, si mal taillé à la mesure de nos rêves, ou de nos élans de fraternité. Ses imprécations (et ses sanglots) nous manquent, nous n’avons plus ces grandes réserves de colère, ni cette impudeur, nous n’entendons plus cette voix « où sonnent à la volée les cloches de provocation », nous avons perdu cette audace, ou cette confiance dans les pouvoirs du chant-quand-même qui entretient la chaleur d’être ensemble, et de parler pour ceux qui n’accèdent pas à un tel registre. […]

Texte intégral :
https://media.blogs.la-croix.com/un-aragon-tres-rock/2019/12/03/

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