Séminaire Approches Interdisciplinaires et Internationales de la Lecture (A2IL6)
CRIMEL-CIRLEP
« De la personne au personnage : théâtres de la subjectivation et régimes de fiction »
Séance du jeudi 16 décembre 2021
de 17 à 19h
en co-modalité
BU Robert de Sorbon
Salle 140
et par zoom
François Rastier,
« La construction sémantique du personnage »
François Rastier
Directeur de recherche, INaLCO-ERTIM, Paris
frastier@gmail.com
Dépassons les projections multiples et les enjeux passionnels favorisés par la conception référentielle, fût-elle fictionnelle de la littérature.
Comme depuis bientôt deux siècles le roman est devenu le genre majeur de la littérature, la notion de personnage a pris une importance considérable, en France comme à l’échelon international. Alors que le roman réaliste du XIXe siècle privilégiait les personnages si l’on peut dire « en pied », dont l’état-civil, l’apparence physique, les vêtements, les sentiments sont détaillés, dans sa contestation du réalisme, le roman des XX-XXIe semble s’être ingénié à le priver peu à peu de tous ses attributs substantiels, jusqu’à devenir parfois une réflexion critique sur la notion de personnage (voire de personne) : énigmatique, privé d’identité à soi, réduit à des contenus de conscience sans substrat identifiable, son évidement a accompagné voici quelques décennies une récusation des reliquats de la pensée humaniste qui avait fait de l’intériorité réfléchie son lieu de prédilection. S’il est trop tôt pour dire que le personnage puisse revenir en grâce, plusieurs courants y concourent cependant.
Sans prétendre la refonder, l’exposé entend problématiser la notion même de personnage en fonction de critères linguistiques. Tout d’abord, son statut varie selon les discours (littéraire, religieux, mythique, juridique, etc.). Au sein du discours littéraire, il varie selon les champs génériques (textes narratifs, poésie, théâtre) et selon les genres et sous-genres (ex. le roman par lettres). Dans ’analyse narrative, il peut revêtir divers statuts (actant, acteur, agoniste), mais il
n’est pas nécessairement anthropomorphe.
Le personnage est en somme une forme sémiotique caractérisée indissolublement par des traits sémantiques et expressifs qui varient au long du texte. Éminemment métastable, elle se transforme au sein du texte et entre les textes du corpus.
Documents joints : Mondes réels (niveaux d’analyse + extraits)
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