Brèves / Notes de lecture Parutions

Parution, Luc Vigier, CR de « Lire l’humain » (A. Trouvé), H-France Review Vol. 21 (September 2021)

PARUTION

Luc Vigier

H-France Review Vol. 21 (September 2021)

Note de lecture sur Alain Trouvé, Lire l’humain – Aragon, Ponge :
esthétiques croisées, Lyon, ENS éditions, 2018

https://h-france.net/h-france-reviews-volume-21-2021/ ( voir la
rubrique « September / septembre reviews ». )

Alain Trouvé, maître de conférences à l’université de Reims, est un des rares chercheurs à être à la fois spécialiste d’Elsa Triolet et de Louis Aragon, travaille depuis des années avec passion et méthode, au sein du Crimel, sur les théories de la lecture, et se concentre en particulier sur la question de l’arrière-texte. Doit-il à cette double compétence le goût des croisements ? Invité à l’un de nos séminaires, Alain Trouvé avait parlé il y deux ans des rapprochements possibles entre Aragon et Barthes dont les liens philosophiques et théoriques pouvaient a priori faciliter l’idée (« Aragon et Barthes, le roman comme théâtre de la personne », Les Cahiers Aragon 2 (2019): 45-65). Avec Aragon et Ponge, le défi est plus important. Contemporains, les deux hommes se sont connus, se sont lus, mais pas toujours de manière très amène, avec des accointances suivies de longs silences, des sympathies politiques et morales communes puis des divergences très nettes, dont Alain Trouvé fait justement un levier : « Hors de toute visée exhaustive, nous souhaitons seulement à l’occasion de cette confrontation, donner tout son sens à une lecture littéraire partagée entre le plaisir de lire et la réflexivité imposée par la divergence des objets considérés » (p.13). En appui sur un socle qui considère le lecteur comme une donnée active de la création, l’essayiste porte le regard sur une forme de mémoire collective associée aux deux auteurs et qui est susceptible de servir à l’approche de leur esthétique croisée. De fait, il a souvent fallu un tiers pour comprendre qu’Aragon et Ponge, malgré les coups de griffes, ne s’étaient jamais totalement perdus de vue (Paulhan d’abord, Ristat ensuite). Par ailleurs, leurs intérêts convergents et récurrents pour des objets littéraires et artistiques communs les placent au deux pointes d’un triangle qui les met culturellement, chronologiquement et poétiquement en contact. Conjugué au concept d’arrière-texte cher à Elsa Triolet, ce concept et cette pratique de la lecture littéraire autorisent une marge d’interprétation au chercheur-lecteur : « D’un point de vue dynamique, l’arrière-texte prend en charge les processus plus ou moins inconscients et de prime abord peu lisibles qui interfèrent dans l’écriture…Il se dédouble en un versant auctorial conjecturé grâce aux moyens de l’enquête, et un versant lectoral s’intéressant à ce qui entoure et conditionne la pratique interprétative » (p.18). Il
ne s’agit donc pas seulement d’une tentative de passage en force d’une étude croisée de deux auteurs qui se sont estimés, à bonne distance, mais d’un parcours suggérant des points de convergences mis à la disposition de lecteurs, eux-mêmes invités à générer leur propre parcours dans l’essai, loin finalement d’un quelconque autoritarisme théorique. […]

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