Parution
Georges Sebbag
Humains, trop d’humains ? : Avis à la population
Tinbad,
septembre 2024
Comme toutes les espèces vivantes, l’humanité tend à se conserver et à proliférer. Mais ayant réussi à mettre la main sur les phénomènes naturels, elle a pu prononcer des arrêts de vie ou de mort sur les autres espèces. L’espèce humaine est devenue le parasite suprême qui vampirise tout ce qui végète, vit et meurt à la surface du globe. Mais nous autres, individus du grand nombre, succombons à notre tour sous notre propre nombre et sous une avalanche d’images. Nous avons beau nous jeter dans la mêlée, nous ne résistons pas à l’accumulation des corps, au vrombissement des images, au gonflement des phrases, au tournoiement des idées, au fracas des durées, à la vitesse des chiffres, au harcèlement des perdants, au rétrécissement du champ visuel, à la manipulation du vivant, à la transgression publicitaire, aux sondages instantanés, au lotissement du paysage, à l’affaissement des convictions. Nous sommes déconfits. C’est moins la comptabilité des nouveau-nés et des cadavres qui nous terrifie que notre incapacité à fixer les ombres et les nombres.
S’appuyant sur des références à la fois politiques (malthusianisme), philosophiques (Charles Fourier), picturales (Antonio Saura), photographiques (Claude Cahun), littéraires (Jonathan Swift, Witold Gombrowicz), scientifiques, anthropologiques et démographiques, ce livre de Georges Sebbag s’interroge sur cette question ultra contemporaine : qu’est-ce que cela fait d’être bientôt 8 milliards d’êtres humains, plutôt que deux milliards il y a seulement un siècle ? L’espèce humaine peut certes s’enorgueillir d’avoir raflé la mise et de gouverner la croûte terrestre à sa guise. Mais est-ce suffisance ou inattention, elle évite de se regarder dans la glace. Elle ne veut surtout pas remarquer l’énorme boursouflure de son propre nombre.
Georges Sebbag est né à Marrakech (Maroc) en 1942. Écrivain, docteur en philosophie, commissaire d’exposition, il a participé au groupe surréaliste (1964-1969), contribué à plusieurs revues (Critique, L’Archibras, Cause commune, artpress, Le Débat, La Revue des revues, La Revue des Deux Mondes, Mélusine, Les Cahiers de Tinbad, etc.) et à de nombreux catalogues d’exposition en France, Espagne, Canaries, Portugal, Japon, Allemagne, etc. Il dirige la collection « Surréalisme années 2020 » chez Jean-Michel Place éditeur. Il réside en région parisienne.
