Reprise
Exposition, « Fortune du temps »
Paris, 19-30 mai 2021
Danièle Gibrat, Nicolas Guilbert, Christine Jean, Hélène Majera,
Corinne Mercadier, Zwy Milshtein, Herman Steis, scomparo
Plateforme, 73 rue des haies Paris 20éme,
entre 14h et 18h 30,
du mercredi au dimanche.
« En fait, on nous fait croire que le temps est historique alors que le temps est un territoire. Nous ne sommes pas, comme le temps historique le stipule, un point qui parcourt ce territoire d’un pan à l’autre : nous sommes ce territoire, son extension sans fin. C’est un territoire qui se développe de tous les côtés. » a déclaré Medhi Belhaj Kacem en interviewant David Bowie (Les Inrockuptibles,
Février 1996).
Cette affirmation qui fait crânement fi de la chronologie, est d’une certaine façon à l’origine de ce projet. La découvrant quelques années après sa parution, je m’y suis immédiatement « retrouvée » car elle décrit ce que je ressens intuitivement. Nous avons tous, me semble-t-il, vécu des moments où, en décalage complet avec notre âge officiel, se mêlent en notre for intérieur l’enfant, l’adulte et même parfois le vieillard. Ce sentiment d’un temps bien plus mouvant que sa version mécanique réglée par les horloges, on l’éprouve aussi à l’atelier et on le retrouve dans le champ de l’art, par exemple dans le défi lancé à la finitude de Gino de Dominicis …
C’est ce territoire-là que je souhaite arpenter dans une exposition. Comme une tentative de donner à voir, ou du moins à entrevoir, cette trame de temps qui se tisse et se déploie au cœur de la création. Cette trame est faite des réminiscences qui peuvent surgir par surprise ou bien se manifester de façon délibérée. La durée la constitue, mais également les fulgurances : certaines pièces ont besoin de « reposer » longtemps alors que d’autres existent subitement comme par chance. Elle est faite aussi des ruptures et des liens, qui affichés ou secrets dessinent le parcours… Il s’agirait de faire deviner (de partager peut-être ?) l’expérience d’un temps vécu dans l’élaboration des œuvres, quand le « jamais vu » croise le souvenir, quand on a le pressentiment de reconnaître quelque chose au moment où on le découvre.
A travers quelques artistes réunis ici, évoquer la plasticité singulière de ce qu’on s’accorde pourtant tous à appeler le temps. »
Danièle Gibrat
https://www.plateforme-paris.com/plateforme_2021/Exposition_Fortune_du_temps.html