COLLOQUE
« Territoires de la non-fiction »
Université Paris III
3-5 mai 2018
Colloque organisé par Philippe Daros (Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle), Alexandre Gefen (CNRS/ Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle), Alexandre Prstojevic (INALCO)
Jeudi 3 mai :
Sorbonne Nouvelle, salle Bourjac, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris
Matin 9h30
Ouverture par les organisateurs
10h00
Archives
Marco Mongelli (Université Paris 3 et Université de Bologne), Entre biographie, histoire et fiction : l’usage des documents dans la prose de Davide Orecchio
Maxime Decout (Université de Lille), Faire apparaître la disparition : l’enquête contemporaine sur la Shoah
Claire Louise Launchbury (Université de Leeds), La non-fiction d’une guerre sans archive – le cas Libanais
14h30
Realia et documents
Morgane Kieffer (Université Paris Nanterre), Dire le vrai par le faux : perspectives « néo-réalistes » du roman contemporain.
Frédéric Claisse (Université de Liège), Nouveaux voyages autour de ma chambre : non-fictions domestiques et contraintes de recoupement documentaire chez T. Clerc et O. Hodasava
Chloé Conant-Ouaked (Université de Limoge), La non-fiction, carrefour des médias et regard sur le monde : analyse de quelques photo-essais
Claude Pérez, Subjectiver le document ?
Table ronde « Écrire de la non fiction », avec Hélène Gaudy, Anna-Louise Milne, Eric Chauvier et Xavier Boissel, animée par Florent Georgesco (Le Monde).
Vendredi 4 mai
Salle Athena, Maison de la recherche de la Sorbonne Nouvelle, 4 rue des Irlandais 75005 Pari
s Localiser :Expériences (1)
10h00
Marine Aubry-Morici (Paris 3 Sorbonne Nouvelle), Giorgio Vasta et Vitaliano Trevisan
Maja Vukušić Zorica (université de Zagreb), Bob Flanagan, notre prochain ?
Louis Dubost, Recomposer le néo-polar à l’épreuve de la géopolitique : la mobilisation romanesque de la non-fiction dans Pukhtude DOA
14h30
Expériences (2)
Yona Hanhart-Marmor (Université hébraïque de Jérusalem), Non-fiction et oralité chez Olivier Rolin et Emmanuel Carrère
Julie Gaillard (ICI Berlin Institute for Cultural Inquiry), « Tout ce que j’écris est vrai, mais qu’importe. » De l’Autoportraitcomme auto-non-fiction fictionnalisante chez Edouard Levé
15h45
Science
Maxime Hureau et Irène Langlet (Université de Limoge) , Non-fiction, vulgarisation scientifique et essai médiatique : le petit univers d’Hubert Reeves
Isabelle Dangy (Université de Saint-Etienne), Science et non-fiction : Le Chat de Schrödinger
Liran Razinsky (Bar Ilan University), Littérature et données
17h30-19h00 : Table ronde autour de Plein Jour, éditeur de non-fiction, avec Sibylle Grimbert, Sylvain Pattieu, Aymeric Patricot et Fabrice Lardreau, animée par Alexandre Gefen.
Samedi 5 mai
Salle Athena, Maison de la recherche de la Sorbonne Nouvelle, 4 rue des Irlandais 75005
Paris 9h30
Expériences (3)
Anne Coudreuse (Université Paris 13),« Toutes les images disparaîtront »: sur l’ouverture des Annéesd’Annie Ernaux
Dominique Vaugeois (Université de Pau), Se situer pour s’instituer: le sujet et son territoire dans les écrits sur les artistes de Maryline Desbiolles
Barbara Chastanier (Université de Toulouse), Le théâtre de la non-fiction
11h00-11h30
Paysages
Vincent Gélinas-Lemaire (PennState University), California Dreamin’; trois variation sur le lieu
Gaspard Turin (Université de Lausanne), Le territoire sans la carte. Postures de la non-fiction
14h30
Pathographies
Yaelle Sibony-Malpertu, Valérie Valère et Le pavillon des enfants fous
Raluca Dinca (Université Lumière Lyon 2), Autopathographies : représentations du corps malade dans la littérature et la bande dessinée
Henri Garric (Université de Dijon), Récits d’expériences : raconter et dessiner la maladie
Si les siècles qui le précédaient avaient vu le couronnement du roman, la littérature du XXIe siècle débute avec le triomphe du document : écritures de voyage, d’investigation, enquêtes judiciaires ou ethnologiques, autobiographies, factographies, factions, rapports et enregistrements littéraires, et autres formes de récits refusant de se dire romans occupent nos librairies. Et à en juger par exemple par le renouvellement continu du genre de la non fiction novel anglo-saxonne, le phénomène dépasse largement le cadre français : de Charles Reznikoff à Joan Didion aux USA, de Roberto Saviano à Daniele Del Giudice en Italie, etc. Or ces textes ne se contentent pas de déjouer les critères des classements des bibliothèques et d’intriguer les théoriciens du récit, ils modifient profondément les
catégories du littéraire et imposent leur poétique propre. Exhibant l’auteur, se passant de narrateur, de Jean-Paul Kauffmann à Jean Hatzfeld, d’Annie Ernaux à Emmanuel Carrère en passant par Stéphane Chauvier, des Incultes au néo-journalisme littéraire, la non-fiction prend au dépourvu les catégories d’analyse conventionnelles, brouille les genres du discours comme les distinctions disciplinaires opposant l’écrivain au géographe, au journaliste, à l’historien, au témoin, à l’écrivant. Défiant la narratologie (G. Genette faisait au demeurant remarquer il y a près de vingt ans que nous ne disposions pas de terme qui soit l’opposé de fiction), la non-fiction étonne l’histoire littéraire, car si certains textes pratiquent des jeux postmodernes avec la référence, d’autres manifestent une étrange indifférence aux frontières de la fiction tout en recourant massivement à l’imaginaire. A l’opposé du roman sur rien de toute une tradition littéraire, le sujet et le dispositif y sont tout : les genres et l’ontologie même de la représentation littéraire se dissolvent alors que s’inventent sous nos yeux une toute nouvelle littérature d’information, de témoignage, d’inventaire ou de documentation qui réinvente sa forme avec son objet et cherche à dire après la poétique humaniste et sa déconstruction le rapport fragile que nos formes de vies, dans leur possible banalité et naturalité, ont avec le monde.
C’est dire si l’heure est à inventorier et à comprendre les territoires de la non-fiction, non genre capital de notre contemporain.