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Colloque en ligne, « Monster(s) on screen(s) » Créatures éblouissantes et ombres de monstre, URCA-UQAM, 29-30 mars 2022

COLLOQUE EN LIGNE

URCA-UQAM

« Monster(s) on screen(s) »
Créatures éblouissantes et ombres de monstres

29 & 30 mars 2022

Dans le cadre du projet « Des remakes aux memes. Recyclages culturels à l’ère afterpop » (Fonds France-Canada pour la Recherche), dans le sillage de la journée d’études sur le Cloververse organisée à l’UQAM le 2 avril 2021 (dont les archives vidéo sont consultables sur le site de l’Observatoire de l’Imaginaire Contemporain [http://oic.uqam.ca/fr/evenements/nom-de-code-cloverfield]) et du dossier thématique ouvert sur Pop-en-stock (http://popenstock.ca/dossier/nom-de-code-cloverfield) et, enfin, en préparation des diverses manifestations culturelles et scientifiques qui se tiendront lors de la session d’été 2022, un colloque aura lieu, on line, les 29 et 30 mars prochain.

Juliette Fridli, Sébastien Hubier & Lorène Trémerel

Le monstrum latin, comme le τέρας grec, désigne un avertissement, un signe divins (monere n’est rien d’autre qu’avertir). Ce sens, que l’on tend aujourd’hui à oublier, demeure, dans les faits, présent dans quantité de figures monstrueuses modernes, postmodernes, hypermodernes. C’est même cette fonction métaphysique du monstre (métaphysique en ce qu’elle vise à une connaissance à la fois des choses quotidiennes et des réalités transcendantes) qui explique que l’histoire comparée des religions puisse, dans le lointain sillage de Mircea Eliade et de Roger Caillois, en faire un élément fondateur du monde. Créature terrible, gigantesque ou minuscule mais toujours disgraciée, reptilienne, poulpienne ou serpentine par sa forme, il vaut, au fond, autant que le héros monstricide dont il est comme la figure inversée, suscitant à la fois la peur, la compassion, l’empathie – voire l’admiration pour sa force et son énergie. C’est aussi la dimension sacrée du monstre qui motivait son importance dans les rites d’initiation de nombre de sociétés primitives dont nos sociétés historiques conservent bien plus de traces qu’on ne l’a longtemps cru. En effet, le passage à l’âge adulte passait par l’enfermement de l’adolescent dans une hutte qui symbolisait le ventre du Monstre primordial dont un héros mythique avait jadis jailli par la force, grâce à un double savoir pratique (sexualité et agriculture) et spirituel (cosmologie et sens caché du monde). Ce Monstre primordial, qui est une sorte de meme, représente presque invariablement une confusion originelle.
[…]
Quels liens anthropologiques et psychologiques unissent donc, de proche en proche, Echidna ou les Gorgones et les aliens de l’Independence Day (1996) de Roland Emmerich, coiffés de tentacules et capables de pénétrer les esprits humains ? Quels rapports entretiennent ces monstres serpentins avec les créatures voraces, lupines et dévorantes – et ces dernières avec la Gueule d’Enfer qui obsédait l’imaginaire médiéval ? Et, la tératologie cinématographique étant aussi une philosophie , que ces monstres et ce « mysterium tremendum » disent-ils de nous-mêmes ? Quels liens unissent
fantasme de dévoration, angoisse du morcellement et complexe de castration ? Peut-on interpréter dans cette perspective les Rancors de Return of the Jedi, ces immenses et féroces prédateurs de la planète Dathomir ? Le fantasme de morcellement anatomique dont Lacan avait déjà noté l’importance dans la vie psychique expliquerait-il que The Fly de Cronenberg, déconstruisant et recomposant les tópoï des films de monstres de série B, soit aussi un film sur la renonciation du protagoniste à la sociabilité ? Quelles accointances existe-t-il entre la figure du monstre et l’obsession humaine de l’impureté, de la souillure, de la contagion ? Enfin, convient-il de considérer, dans le sillage de Rudolph Arnheim que « the monster has become a portrait of ourselves and of the kind of life we have chosen to lead » ou, à l’instar de Stanley Cavell, que « horror is the title [we are] giving to the perception of the precariousness of human identity, to the perception that it may be lost or invaded, that we may be, or may become something other than we are, or take ourselves for » ? Quelle influence les pulp fictions, tellement importantes de la fin du XIXe siècle aux années 1950, ont-elles exercé sur la constitution de notre imaginaire écranique contemporain ? Que doit, également, celui-ci aux films de série B ou Z et à leur fameux « craignos monsters » ? Comment interpréter l’importance accordée dans tant de fictions aux « monstres gentils », de Casimir à Guizmo, de John Merrick à l’Onionhead de Ghostbusters (1984) ? C’est à toutes ces questions que ce colloque en ligne cherchera principalement à répondre […]

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