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Note de lecture, Hélène Rolin, Perdre le nord, Persée, 2017

NOTE DE LECTURE
Hélène Rolin, Perdre le nord, Persée, 2017.

Dans le bruissement généralisé des expressions littéraires vient de s’immiscer une nouvelle voix. Hélène Rolin, qui ne le cède en rien à d’autres Rolin déjà connus, nous propose avec Perdre le Nord le roman autobiographique d’une universitaire doucement déjantée. Le passage de l’écriture critique et théorique à la fiction romanesque donne fréquemment des résultats décevants. L’auteur s’affranchit de cette difficulté en consentant au délire auquel convie le titre polysémique du roman, qu’illustre sur la couverture le dessin de Joaquín Torres-García, El mapa invertido.
La jeune Hélène, universitaire belge, est conviée par son alter ego uruguayenne Lola à donner des conférences à Montevideo sur le dessinateur Donato Lovero. La première partie est le récit de cette semaine échevelée, donnant le pas à la découverte d’autres manières de vivre aux antipodes sur le jeu avec les savoirs livresques, pourtant omniprésents. La figure de Lola est particulièrement intéressante qui conjugue au féminin envahissement des références culturelles et débordements d’une sexualité insatiable, placée à l’abri de tout jugement moral.
La seconde partie, en abîme, propose un autre roman possible, transposant expériences de colloques et rencontres en divers points du monde, l’Italie, en particulier, que connaît bien la romancière. Il y est question de trios et de triptyque : cela déborde un peu, parfois, de références, péché mignon des romans d’universitaires, mais le centre de gravité de l’écriture reste un rapport au monde et aux êtres, qui les excède, infiniment. On peut ainsi se laisser emporter dans le roman d’Isabelle qui rime avec tarentelle…
On appréciera enfin certaine façon de naviguer entre les langues avec une indifférence bienvenue pour le parler correct, ou pire, la belle parole, qui donne un côté étriqué à tant de productions. La suite des mails attribués à Lola, en ouverture du roman, constitue à cet égard une ouverture savoureuse.
Le roman vaut par son rythme et son sens des images, il fait entendre la voix d’une femme d’aujourd’hui dont les rêves et les faiblesses avouées ne dégénèrent jamais en plainte et sont au contraire portés par une contagieuse joie d’être au monde.

Alain Trouvé

PS : les curieux trouveront révélé en quatrième de couverture le nom réel de l’auteur.
Couverture.

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