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Séminaire « Grandes et petites mythologies », Alain Trouvé, « Le mythe de Pygmalion, d’hier à aujourd’hui », Université de Reims, 2 décembre 2021

SÉMINAIRE

« Grandes et petites mythologies »

CRIMEL-URCA

Jeudi 2 décembre 2021

17-19h

BU Robert de Sorbon (et par zoom)

Alain Trouvé

« Le mythe de Pygmalion, d’hier à aujourd’hui »

Le mythe de Pygmalion appartient à la grande mythologie tardive. Il raconte dans sa version la plus connue l’histoire d’un sculpteur qui s’éprend de la statue de femme qu’il a créée. Selon Ovide, Pygmalion est pris en pitié par Vénus / Aphrodite, qui donne vie à la statue. Longtemps, malgré ce précédent latin, le traitement artistique a privilégié le thème du dédoublement entre un amour idéalisé et un amour terrestre imparfait. Le retour au premier plan du thème de l’artiste créateur aux XVIIIe et XIXe siècles est sans doute à relier à une mutation qui s’effectue au même moment au sein de l’esthétique, laquelle s’affranchit de la tutelle religieuse et d’un beau transcendantal. Le XXe siècle va plus loin, mettant en question chez certains de ses artistes la répartition des rôles entre l’homme en sujet créateur et la femme objet de célébration. George Bernard Shaw, dans sa pièce Pygmalion, écrite en 1913, propose peut-être la première transposition satirique attaquant la tradition dans ses présupposés idéologiques. Le linguiste Higgins, imbu de sa science, forme le projet de transformer une marchande de fleurs en duchesse en lui faisant perdre son accent des faubourgs. Mais Eliza Doolittle, l’objet de l’expérience, esquisse une rébellion contre le succès de cette entreprise et contre son Pygmalion. De son côté, la romancière Elsa Triolet (1897-1970) interroge par des références à cette légende sa situation au sein du couple d’artistes créateurs qu’elle forme avec l’écrivain Louis Aragon. Comment exister en tant que femme écrivain dans l’ombre relative de celui qui vous célébra comme Muse (Les Yeux d’Elsa) ? Le retour au mythe, direct dans L’Âme (1963), s’effectue aussi par la médiation intertextuelle. On retrouve Shaw, bien connu de Triolet, sous une forme allusive dans La Mise en mots (1969). Luna-park (1959) fait de son côté une large place à Trilby, roman populaire de George Du Maurier (1894), qui raconte déjà, avant Shaw, une histoire un peu similaire : la métamorphose d’une blanchisseuse en cantatrice sous le regard de son mentor, Svengali, musicien génial et inquiétant.

La pièce de Shaw a donné lieu à de nombreuses transpositions sous forme de comédie musicale (Lerner et Loewe, 1956) ou de films, le plus connu restant My fair Lady de George Cukor (avec Rex Harrisson et Audrey Hepburn, 1964). Ainsi, ces avatars modernes du mythe renouent avec les formes oralisées et visualisées qui sont aussi au cœur de la tradition légendaire et populaire des supposées « petites mythologies ».

Affiche

Bibliographie

Lien zoom sur le site du CRIMEL à partir de mardi 30 novembre 2021

https://crimel.hypotheses.org/category/seminaires/seminaire-grandes-etpetites-mythologie

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