PARUTION
Daniel Bougnoux,
Shakespeare Le Choix du spectre
Essai littéraire / coll. Bâtons rompus
On dit qu’aux premières représentations d’Hamlet, William Shakespeare se réservait le rôle du spectre. Et si ce choix, loin de se limiter à ce rôle, avait été celui d’une vie entière ? Être ou ne pas être exprime une alternative essentielle peut-être à l’identité d’un auteur décidément ailleurs : les maigres documents dont nous disposons sur la vie du Shakespeare officiel suggèrent, en creux, le portrait d’un homme qui ne cesse d’effacer ses traces ou se dissimule tenacement. Le choix même du théâtre, brassage à profusion de voix, de prises de position et de visages, aggrave cette ontologie vacillante : « Shakespeare » un et toujours multiple se tient entre, plusieurs personnes, plusieurs langues, plusieurs cultures ou identités, dont quatre siècles de gloses et d’interprétations n’ont pas percé le masque. Quelle surprise de constater que comme la Bible, ou l’Iliade et l’Odyssée, cette oeuvre parmi les plus commentées du monde ne soit pas clairement signée ! Après avoir rappelé l’inanité de la thèse officielle qui lui assigne pour père le bourgeois de Stratford-upon-Avon, et à la suite de l’hypothèse récente formulée par Lamberto Tassinari, Daniel Bougnoux part à la recherche d’un auteur autre : John Florio (1553-1625), né à Londres mais d’origine italienne, et juive, avait des qualités de lexicographe, de traducteur et d’érudit qui font de lui un prétendant autrement plus crédible. Et le véritable Shakespeare dans ce cas aura mené une vie plus exposée et compliquée qu’on ne pense.
L’AUTEUR Daniel Bougnoux, philosophe, a publié une vingtaine d’ouvrages dans les domaines de la théorie littéraire et des sciences de la communication. Il a accompagné Régis Debray dans le développement de la médiologie. Spécialiste d’Aragon, il a dirigé l’édition de ses OEuvres Romanesques Complètes dans la bibliothèque de la Pléiade (cinq volumes). Cet essai est également disponible en format numérique.
Compléments sur http://media.blogs.la-croix.com/crash-test/2016/04/20/