COLLOQUE
« Les écritures des archives », Paris, 13-14 janvier 2017
Événements organisés par Annick Louis (Reims/CRAL) et Clara Zgola (CRAL/Université de Varsovie)
« Notre projet a pour objectif de générer un espace de réflexion sur l’inscription des archives sur les oeuvres artistiques ainsi que sur les écrits disciplinaires relevant des sciences humaines et sociales. Le premier volet, une rencontre internationale prévue à Paris en janvier 2017, entend se concentrer sur le rapport entre archives, texte littéraire et discipline littéraire. Le deuxième volet qui se déroulera à Varsovie en novembre 2017, prévoit d’élargir la réflexion aux rapports entre arts et archives. Pour le troisième, prévu pour le mois d’avril 2018, à Columbia University, aura pour objectif d’appréhender ce que nous pensons comme des poétiques des archives, c’est-à-dire des modes de production basés sur le travail d’enquête en archives.
La réflexion sur le rôle et la nature des archives suscite actuellement l’intérêt des sciences humaines et sociales. A partir de perspectives variées, différentes disciplines se sont interrogées et s’interrogent sur l’histoire des archives, leurs usages, leur conservation. Nous proposons d’ouvrir la réflexion à la discipline littéraire, avec le double objectif d’étudier l’inscription des archives dans l’écriture littéraire contemporaine et dans l’écriture disciplinaire en sciences humaines et sociales. Nous partons de l’hypothèse que l’intérêt croissant des écrivains et des spécialistes en littérature pour celles-ci depuis la deuxième moitié du XXe siècle constitue un phénomène contemporain qui a permis de renouveler à la fois la tradition littéraire et les approches disciplinaires. À partir de ce postulat, nous nous intéresserons à la capacité des archives à favoriser des productions marquées par une écriture plurielle et interdisciplinaire, sous différentes formes, de la génération de l’objet à sa formalisation.
Arlette Farge a décrit les enjeux du travail en archives dans son classique Le goût des archives1, rappelant l’effet de réel que produit l’archive, la façon dont le sens se découvre, le fait qu’on ignore souvent à quoi servira l’archive, la nécessité de rester disponible aux formes qu’elle contient, la difficulté qui existe à décider entre l’essentiel, le nécessaire, l’inutile, et le superflu. Elle met également en garde contre un usage des archives destiné à conforter des hypothèses de travail décidées à l’avance, ainsi que contre l’absence de distance, pouvant donner lieu à une symbiose aveuglante avec l’objet choisi. Notre proposition cherche à s’inscrire dans cette lignée, car nous sommes dans une pratique de l’archive où celle-ci n’est le lieu d’un reflet, ou un lieu de preuve, mais un espace de construction, où l’objet se génère, dans une forme d’échange qui implique la confrontation à un matériau souvent opaque. Aujourd’hui de nombreux collègues se dirigent vers les archives en quête, souvent, de matériel ou d’information, mais y trouvent autre chose, qui reste difficile à définir en termes disciplinaires, ce qui nous amène à poser la valeur interdisciplinaire des archives. »